LES RACINES DU RITE FRANCAIS

Le Rite Français prend ses racines dans la maçonnerie pratiquée en France au XVIIIe Siècle.
Il répond à ce que l’on qualifie de la Maçonnerie des Modernes, celle qui est venue majoritairement s’implanter et se développer en France, ce qui se traduira pour Loge Nationale Française, en une première étape dans sa mise en forme, celle du Rite Moderne Français Rétabli, puis plus tard prendra pour nous le titre de R.F.T.

En Angleterre deux courants infusent la Maçonnerie spéculative créée en 1717, celui des protestants et celui de la Royal Society avec Isaac Newton et Jean-Théophile Désaguliers, avec lesquels l’Homme reçoit sa capacité de comprendre les phénomènes physiques de la nature et de s’approprier la maitrise des savoirs, qui lui assureront les moyens d’administrer les affaires terrestres, sans que soient rompus les liens qui l’unissent au Maître-Grand-Horloger.
Il y trouvera la source de sa dignité. De cette évolution viennent en 1723 les Constitutions d’Anderson se référant à la religion naturelle.

En France la Maçonnerie se développera dans les années 1720, introduite par des Anglais, des Irlandais, des Ecossais.
L’Anglaise première Loge ouverte à Bordeaux en 1732 travaille en Anglais, selon la Maçonnerie des Modernes.
Il faudra attendre 1740 pour voir la naissance de la loge “la Française” qui travaillera en Français.
Le rituel pratiqué alors est très sobre. Le candidat entre, fait 3 tours de la Loge. Il prête serment et reçoit la Lumière. Les secrets lui sont communiqués, mots et attouchements.

En Angleterre, avant 1720 il n’y a qu’un seul grade, celui de Compagnon du métier, les Apprentis entrés ne sont que des postulants. Le nom de Maître est donné au Compagnon qui dirige la Loge et est donc nommé Compagnon et Maîtres.
Ce ne sera que plus tard que se constitueront des Loges de Maître.
Aprés 1720 les grades d’Apprenti et de Compagnon sont transmis dans une seule Tenue.
Ce sera la divulgation de Samuel Prichard de 1730 où l’on découvrira la Maçonnerie en 3 degrés.

En France la divulgation du lieutenant de police René Herault en 1737 ouvre le chemin à de nombreuses autres, dont le “Secret des Francs-Maçons” publié par l’Abbé Pérau en 1744 portant sur les deux premiers grades ; ce sera ensuite le Cathéchisme des Francs-Maçons de Léonard Gabanon qui révèle pour la première fois le grade de Maître, puis en 1745 l’Ordre des Francs-Maçons trahis.
Ces étapes aboutiront à la rédaction du Régulateur du Maçon 1801.
Elles constituent le fond ccommun du RF des diverses Obédiences actuelles, de même pour le Rite Français pratiqué par la L.N.F.
Pour le GODF, le rituel utilisé aujourd’hui s’est simplement adapté aux périodes traversées, comme en témoignent différentes versions ; rituel Murat, rituel Groussier, parmi d’autres … .

LA QUÊTE DU RITE FRANCAIS A LA LNF

A l’origine de notre Fédération, un nom, celui de René Guilly, né en 1921, après des études de lettres, devint journaliste au journal Combat, puis s’oriente vers les musées de France et devint Conservateur en chef, dirigeant
des ateliers de restauration du Louvre et devint aussi Professeur de l’Ecole du Louvre.

Notre Frère René Guilly au cours d’un exposé en 1991, nous permet de découvrir les étapes de cette construction :
La L.N.F. et le R.F.T. ne sont pas des entreprises liées. Elles sont distinctes et jouent des rôles tout à fait différents : l’une est une structure administrative et l’autre une tradition maçonnique.
Le point de départ du R.F.T. date des années 1950, alors que la création de la L.N.F. date de 1968.
La Charte de la Maçonnerie traditionnelle Libre, document essentiel, pour la L.N.F. maintient en permanence le lien avec ses principes fondateurs.
Elle n’était pas une obédience, mais une fédération de loges, non pas avec un Grand Maître , mais avec un Président, afin de ne pas subir les effets d’un structure trop administrative.
La Maçonnerie de la LNF est une Maçonnerie libre et traditionnelle, deux thèmes importants pour nous.
Johanis Corneloup assista aux premièrs travaux, et dans lesquels il reconnaissait les enfants de sa pensée, comprenant une certaine part d’idéalisme.

Notre Frère René Guilly est entré dans la Loge “ La Clémente Amitié”, dans les années 1950, suite à la lecture d’ouvrages de Wirth, Guénon, Corneloup, découverte qui avait motivé sa démarche.
Ce qu’il trouve lui apparait bien différent.
Quatre ans aprés son entrée, il décide avec quelques Frères de fonder une Loge, le Devoir et la Raison (1955) ,ayant pour objectif de revenir aux traditions du Rite Français et afin d’y pratiquer ses rituels anciens du XVIII ème siècle.
Cela supposait une certaine recherche et la première partie a été relativement facile.
Les documents de la B.N. ont permis de découvrir des textes soit d’origine maçonnique, soit des divulgations sur des périodes allant de 1737 à 1821.

Avant 1737 il n’y avait rien et après 1821, les rituels du Rite Français évoluèrent sous différentes mises en forme, au travers d’un autre monde qui prenait place.
C’est sur cette période de 1737 à 1821 que repose le RFT, les textes y présentaient une très grande cohérence, avec très peu de contradictions internes et l’on avait vraiment l’impression d’une tradition.
Pour notre Frère René Guilly, il apparaît cependant une coupure entre la tradition qui venait de la Grande Loge de 1717, avec la Grande Loge de 1813.
La Maçonnerie Française est restée dans la tradition de la Grande Loge de 1717, elle est imprégnée de son esprit.

De cette recherche sont nés des rituels qui essayaient de mettre en oeuvre cette tradition, mais leurs mises en oeuvre au sein du GODF firent apparaître plusieurs difficultés par l’emploi de la formulation de G.A.D.L.U., ainsi que la présence du livre de la Loi Sacrée.
Il apparaissait pour nous, qu’il manquait à cette synthèse du RFT, une dimension spirituelle qui devait l’animer ? Le mécanisme fonctionnait, mais c’était un mécanisme sans vie.
A ce moment de la recherche, notre Frère René Guilly découvre la pratique du Rite Ecossais Rectifié et comprend que là se trouve une dimension qui manquait à la construction laborieuse qui avait été faite.
Il devenait nécessaire de faire passer l’apport d’un ésotérisme chrétien.
C’est ce qui sera à l’origine de la Loge Jean Théophile Désaguliers, et effectivement cela a marché et le Rite Français a pris vie.

LA QUËTE DU RITE FRANCAIS A LA LNF, AUJOURD’HUI

Notre Frère René Guilly ajouta un aspect qui n’avait pas encore été abordé dans son exposé :

Le Rite Français, c’est le Grand Orient De France et rien que le G.O.D.F. J’ai pris la responsabilité de faire sortir le RF du G.O.D.F., avec la plus grande correction possible, on peut en prendre pour preuve que Frère Corneloup avait assisté à des tenues, mais quelle autorité avons-nous pour
nous instituer les propagateurs du RFT ?

Mais si aujourd’hui il y a plusieurs rites Français, leurs origines sont les mêmes, simplement après le Régulateur du Maçon, l’un a continué son parcours pour aboutir à aujourd’hui, et l’autre s’est attaché à restituer ce qui a précédé, afin de mieux en comprendre le sens, en ne perdant pas de vue que les rituels ne sont que des supports, des outils, si je puis dire, sur le chemin de notre accomplissement.

Quelques points spécifiques de rappel du Rite Français :

  • Le pas de l’Apprenti se fait en partant du pied droit ; la batterie est de 2 coups rapides et 1 espacé.
  • L’acclamation est 2 fois Vivat et 1 fois Semper Vivat
  • L’Etoile flamboyante est au centre du tapis.
  • Les 3 grandes lumières sont le Soleil, la Lune, le Vénérable Maître.
  • Pour les Modernes, il n’y a que 2 épreuves : celle de l’eau et celle du feu.
  • Place des Surveillants à l’occident.
  • Nous avons 2 loges, celle des Apprentis-Compagnons et celle des Maîtres.
    IL est à noter que notre rituel d’ouverture au RFT inclut d’une part la lecture de l’Art 1 des Constitutions d’Anderson, mais aussi précise que nous travaillons à la Gloire du G.A.D.L.U., avec la Bible ouverte à l’Evangile de Jean.

Le Rite Français est un outil de travail traditionnel qui transmet les acquis et une méthode.
Outil humain, historique fondé sur la raison, qui promeut un humanisme et participe à l’histoire.
Les cérémonies d’initiation comportent des passages philosophiques et moralisateurs.
Le fonctionnement de la Loge est déterminé par une démocratie interne.
L’initiation, choc intégrateur fournit le bagage moral et rituel de départ ; le grade de Compagnon reçoit un contenu fondé sur les origines opératives.
Le grade de Maître donne l’approche au sens profond de l’engagement maçonnique.
L’Ordre des Francs-Maçons permet d’apprendre à vivre ensemble, en s’exerçant à la pratique des vertus et bien entendu en tant qu’héritiers des lumières.

Propos tenus de notre Frère Ludovic Marcos

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